Site de recherches sur le général Andoche Junot (1771-1813), duc d'Abrantès, Premier aide de camp de Napoléon. Campagne Egypte, Portugal, Espagne, Russie. Famille de Laure de la duchesse d'Abrantès. Biographie par Sylvain Dubief. Photos Bussy-le-Grand et Montbard.
19 Octobre 2018
La ville de Montbard qui eut l’honneur de lui offrir une sépulture et ses obsèques eurent lieu dès le lendemain de son décès, le 30 juillet 1813, dans l’après-midi, au milieu d'une foule énorme pour une petite ville campagnarde. Une tristesse sincère était sur tous les visages, le deuil dans tous les cœurs.
Dès l'année suivante, le 30 mars 1814, son père, qui était retraité, ancien conservateur des Forêts à Dijon, mourut à son tour et vint rejoindre son fils au cimetière ; lui qui aimait se faire appeler « le père du duc d’Abrantès ».
Deux simples pierres tombales portant chacune une inscription furent posées dans le cimetière.
Enfin, quatre-vingt-trois ans plus tard, un comité local et le capitaine Henri Vautrin, délégué du Souvenir Français, réussit à faire ériger à la mémoire de Jean Andoche Junot, dans le cimetière même de Montbard, un monument digne de lui, sous lequel ses restes et celui de son père furent transférés le 9 octobre 1897.
Dans le cercueil de Junot on déposa à cette occasion, une pièce de monnaie en argent à l'effigie de Napoléon 1er de 1813, une médaille en cuivre du Souvenir Français portant la date du transfèrement et une rosette de la Légion d'honneur en ivoire.
Le monument fut inauguré solennellement le 28 août 1898, sous la présidence du général Caillard, commandant du 8ième corps d’armée, représentant le ministre de la Guerre, assisté du Préfet de la Côte-d’Or et de très nombreuses personnalités politiques et militaires.
Cette œuvre funéraire, réalisé par les frères Maigrot, à la forme d'une colonne quadrangulaire surmontée d’un chapiteau. L’entourage est formé de petits canons posés debout, la bouche en bas, et reliés entre eux par des chaines.
Sur une des faces de la colonne, on peut lire I ‘inscription suivante :
Junot, duc d’Abrantès 1771-1813
Siège de Toulon — Campagnes d’Italie, d’Egypte,
d’Autriche
de Portugal, d’Espagne el de Russie
__________
Michel Junot, père du Duc d' Abrantès 1739-1814
Le même jour, on apposait à Bussy-le-Grand, sur la maison natale du héros local, une plaque de marbre blanc portant en lettres d’or cette inscription :
1771
Ici est né
JUNOT
Duc d’Abrantès
Aide de camp de l’Empereur
Gouverneur de Paris
1813
Au centre de Montbard, la maison, 19 rue de la Liberté, où il est mort, existe encore aujourd’hui. Elle semble telle qu'elle était à l'époque avec sa grande porte cochère en bois, parsemée de clous forgés. On imagine encore aisément la calèche noire tirée par deux chevaux, des rideaux tendus aux vitres pour dissimuler aux regards des curieux, le pauvre Junot, agar, souffrant le martyr, prostré sur la banquette arrière, entrée bruyamment dans la cour où le pauvre Michel Junot attend les yeux rougis d’inquiétude. Un peu plus bas, sur la droite, un escalier de pierre dévale le coteau pour rejoindre, en contre bas, la rue d’Abrantès…
En 1911, au moment où on allait inaugurer les monuments à Eugéne Guillaume et à Edme Piot (tous deux enfants de cette cité historique qui a donné déjà le jour à Buffon et à Daubenton), la Société Archéologique et Biographique de Montbard prit enfin l’initiative de faire poser, avec le concours de la municipalité et I’assentiment du propriétaire, sur la façade de la maison, une autre plaque de marbre blanc avec cette inscription en lettres d'or :
Junot, duc d’Abrantès
a habité cette maison et y est mort le 29 juillet 1813
Le général Junot laissait une veuve et plusieurs enfants dont deux fils.
Le second, Alfred Junot d’Abrantès, se montra le digne héritier son illustre père. Il naquit au milieu des camps en 1810, se distingua en Afrique et dans plusieurs campagnes, puis fut blessé mortellement a la bataille de Solferino en 1859.
Le 28 août 1898, le petit-fils d’Andoche Junot, Maurice Xavier Eugène Le Ray d'Abrantès, vint à Montbard et déclama ce pompeux discours, comme on les aimait tant à cette époque, c’est-à-dire revanchant, souhaitant la reconquête des terres d’Alsace et Lorraine perdues en 1870, sur la tombe même de son fier aïeul :
« En célébrant la mémoire du volontaire de 1792, vous rendez un éclatant hommage à cette démocratie française qui, à peine née à la vie publique, a trouvé dans son sein des hommes capables de se mesurer avec les vieilles puissances de l’Europe. Vous évoquez devant tous les esprits, et certes ce n'est pas une chose inutile, le souvenir de cette époque d’enthousiasme où la jeunesse tout entière courait aux frontières, où Goethe, témoin dans les rangs prussiens de la fière attitude de nos soldats improvisés, s’écriait : « C’est le commencement d'une ère nouvelle ! » — Comme dans un rêve magnifique, nous revoyons la lutte ardente pour l'unité nationale et l'intégrité du territoire, nos armées franchissant toutes nos frontières, l’expansion de la puissance militaire et simultanément l’expansion plus durable des idées, des principes et du génie de la France. (…)
Le jour où notre admirable organisation militaire sera mise en mouvement, il faut qu’elle soit » vivifiée par le souffle de 1792. Alors, mais alors seulement, la France aura atteint sa suprême puissance et sera assurée de vivre libre et indépendante dans toute I ‘étendue de ses frontière légitime[1] ».
[1] Margy (Henry), Un centenaire, la mort de Junot, duc d’Abrantès, Editions de l’Encyclopédie nationale, Maisons-Alfort, 1913