Site de recherches sur le général Andoche Junot (1771-1813), duc d'Abrantès, Premier aide de camp de Napoléon. Campagne Egypte, Portugal, Espagne, Russie. Famille de Laure de la duchesse d'Abrantès. Biographie par Sylvain Dubief. Photos Bussy-le-Grand et Montbard.
22 Octobre 2018
Junot a été surnommé « le sabreur » après ses exploit lors de la première campagne d’Italie et surtout lors de son combat mémorable de Dezenzano, où il reçut six coups de sabre, et qui lui valut les félicitations du Directoire. Cette rare lettre historique fait partie d’une collection particulière. En voici le texte :
« Directoire exécutif, section de la Guerre,
Paris le 28 thermidor an 4ème de la République française, une et indivisible
(15 août 1796)
Le Directoire exécutif,
Au citoyen Junot, aide de camp, chef de brigade du général Bonaparte
La Patrie reconnaissante a compté, Citoyen, les nombreuses et glorieuses blessures que vous avez reçues au combat de Dezenzano et l’histoire n’oubliera pas le trait de bravoure dont vous y avez honoré votre nom, et la confiance du général en chef dont vous êtes l’aide de camp.
Le Directoire exécutif désire vivement que vous soyez bientôt en état de reprendre votre service et il vous invite à compter sur l’estime particulière que vous avez méritée de sa part.
Par le Directoire exécutif
Pour le secrétaire général : CARNOT
Pour copie conforme,
L.M. REVELLIERE LEPEAUX
Président »
Récit du combat
A l’aube du 16 thermidor an IV (3 août 1796), l’armée française faisait face à celle de Quasdanovitch.
La bataille de Lonato allait s’engager. Junot parcourait la plaine, porteur d’ordres.
Au plus intense moment de la bataille, qui fut en fait une multitude de petites batailles, voyant les Autrichiens battre en retraite sur le Mincio, Bonaparte donna à Junot le commandement de ses guides[1] pour fondre sur Desenzano et à les obliger à se retirer sur Salo.
« Arrivé à Desenzano, il rencontra le colonel Bender avec une partie de son régiment de hulans qu’il chargea. Mais Junot, ne voulant par s’amuser à charger la queue, fit un détour par la droite, prit en front le régiment, blessa le colonel, qu’il voulait prendre prisonnier, lorsqu’il fut lui-même entouré, et, après en avoir tué six de sa propre main, il fut culbuté, renversé dans un fossé et blessé de six coups de sabre, dont on m’a fait espérer qu’aucun ne sera mortel. L’ennemi opérait sa retraite sur Salo ; Salo se trouvant à nous, cette division errante dans les montagnes a été presque toute prisonnière[2].
Il en fallait plus pour abattre définitivement le sergent « la Tempête » ; il en avait vu d’autres et en verrait en d’autres ! Abasourdi, il se releva couvert de sang autrichien, mêlé au sien…
Madame Junot précisera dans ses Mémoires : « Junot reçoit deux blessures à la tête, dont l’une a produit cette belle cicatrice qu’il avait le long de la tempe gauche, l’autre c’était vers la nuque ; ni l’une ni l’autre de ces blessures ne paraissaient très dangereuses, mais celle de la tempe offrait des chances qui pouvaient mal tourner[3] ».
Il fut envoyé en convalescence, pour six semaines, à Milan, où le propre chirurgien de Bonaparte s’occupa de lui.